17 mai 2014

David O. Selznick Autant en emporte le vent - mémos 7

Mémo 1, 2, 3, 4, 5, 6
25 mars 1939
A Will Price
J'ai parlé à M. Gable l'autre jour de son accent et je lui ai dit que je n'avais pas l'impression que nous avions réussi jusqu'à présent à lui faire prononcer certains mots correctement. J'ai donc insisté pour qu'il aille un peu plus loin dans ce sens, sans adopter pour autant l'accent trop marqué que M. cukor lui avait fait prendre dans les premières scènes et semblait faux venant de M. Gable; Je lui ai également signalé, à lui et M. Howard, que l'accent pris par Leslie Howard dans la scène de la salle à manger était parfait à mon avis.
Malheureusement, il n'a pas réussi à le garder dans les scènes suivantes...
 
29 mars 1939
A M. R. Klune
Bien que nous comprenions tous très bien le désir de M. Fleming de tourner en continuité, j'aimerais que vous voyez avec lui si nous ne pourrions pas surseoir à certaines scènes tant que que nous disposons de Gable, Howard et Mlle de Havilland. Il est ridicule de filmer des scènes comme celles de l'hôpital, alors que Gable et Howard émargent au budget sans rien faire. Nous devons de plus, en finir avec Leslie Howard pour pouvoir commencer Intermezzo et nous pouvons nous heurter à des difficultés en gardant Mle de Havilland...
 
3 avril 1939
A M. Lambert
J'ai parlé aujourd'hui à Walter Plunkett des costumes de Gable. Je trouve qu'il n' y a aucune raison pour qu'ils lui aillent si mal, qu'ils godillent autour du cou... Je trouve très décevant que l'élégant Rhett Butler doive se balader avec des vêtements qui semblent avoir été achetés chez un fripier de l'époque et qu'il ait l'air de les porter en sortant du magasin.
Je n'ai pas cesser de demander que tous les vêtements soient suffisamment vieillis et usés pour donner l'impression qu'ils ont été portés et non de sortir tout droit de chez le tailleur. Mais de cela on n'a pas tenu compte non plus.
Pour en revenir à la façon dont Gable est habillé, s'il est naturellement guindé dans ses vêtements quand il est à la vente de charité, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que son maintien doit être tout à fait
différent quand il se sent détendu. En particulier, comme il doit se pencher souvent, étant donné la différence de taille entre Mlle Leigh et lui, on aurait pu, avec un peu d'imagination se demander comment ses vêtements suivraient ses gestes, au lieu de considérer comme allant de soi qu'il resterait raide comme un balai dans toutes les scènes.
Ses cols ne devraient pas non plus être serrés au point de lui donner l'air d'être trop gros. L'astuce, pour un homme qui a le cou fort, astuce que devrait connaître n'importe quel costumier, consiste à faire les cols un peu larges afin qu'ils ne lui étranglent pas le cou et ne lui donnent pas l'air boudiné. Regardez les cols que porte Gable dans la vie et voyez comme ils lui vont bien, puis comparez-les aux nôtres. En fait , regardez comme il a l'air à l'aise dans ses propres vêtements, comme ils lui vont bien, comme ils sont bien coupés et coquets et comparez-les avec l'horrible travail que nous avons fait dans ce domaine.
 
10 avril 1939
A M. Lambert
J'ai tenu à aller au fond du beau gâchis que nous avons fait des vêtements de Gable et j'ai été surpris de découvrir pourquoi Gable avait l'air tellement plus moche dans les vêtements que nous lui avons fait porter jusqu'ici que dans tous les films à costumes qu'il avait tournés. C'est parce qu'on lui avait dit, quand il était venu ici pour la première fois, qu'il pouvait avoir tous les tailleurs qu'il voulait. Sauf Schmidt. Schmidt ayant été le tailleur de Gable durant toute sa carrière, depuis le temps où il était un acteur inconnu jusqu'au moment où il est devenu la plus grande vedette mondiale, c'était un ordre idiot. Cela a conduit Gable à une attitude je-m'en-foutiste: il ne s'est plus soucié de ses vêtements alors que d'ordinaire il s'en occupe sérieusement, fait faire des croquis, travaille dessus.
J'aimerais en premier lieu, savoir pourquoi on a écarté le seul tailleur qui aurait du habiller Gable. Quant à l'avenir, et avec l'esprit qu'on fera un travail correct avec lui et qu'on ne répétera pas les erreurs du passé, j'espère que vous vous assiérez avec Gable, que vous déterminerez exactement comment il travaillait dans le passé et que vous lui assurerez que c'est ainsi qu'il travaillera désormais sur ses costumes.
Les vêtements dont je me suis plains précédemment sont des chefs-d'oeuvre de coupe, comparés aux horribles costumes que je lui ai vu essayer samedi. Encore un tas de vêtements mal coupés et peu seyants que je n'ai jamais vu porter à un ouvrier et encore moins à une vedette...
 
14 avril 1939
A MM. Ginsberg et O'Shea
Il est possible que nous ayons bientôt un sérieux ennui à affronter auquel nous devrions à mon sens nous préparer si nous ne voulons pas nous trouver devant l'éventualité d'arrêter de nouveau la production...
Je craignais depuis un certain temps que Fleming ne soit capable de terminer le film en raison de sa condition physique. Il m'a dit franchement hier qu'il croyait qu'il allait devoir demander d'être libéré immédiatement, mais il a parlé à son médecin qui lui a dit qu'il pourrait continuer. Cependant il est si près de craquer, physiquement et psychiquement, par pur et simple épuisement que ce serait, à mon avis, un miracle s'il était capable de tourner encore pendant sept ou huit semaines... Je crois que nous devrions choisir dès maintenant quelqu'un susceptible de remplacer Fleming et le familiariser avec tous les matériaux pour qu'il puisse intervenir au pied levé.
Le 26 avril, Fleming s'écroula et disparut pendant quinze jours. Sam Wood le remplaça et continua à tourner certains plans après le retour de Fleming pour terminer le film au plus vite.
 
14 avril 1939
Chérie[Irene Selznick]
Mon seul désir serait d'être avec toi quelque part, débarassé du besoin d'argent, des habitudes de travail, des espoirs stupides qui m'ont poussé pendant des années à aller de l'avant. Peut-être (oh comme je l'espère) pourrons nous établir un programme: des mois, huit ou dix, de dur labeur et de dépense d'énergie pour être libre financièrement, puis un endroit où il n'y a ni... Cover Club (à l'époque célèbre club de jeu à Hollywood), ni synopsis...
Je ne pense plus que mon destin soit des millions et le commandement. J'espère que cela ne l'est pas (comme si l'espoir n'était pas gratuit!) Du diable si je sais vraiment quel est l'espoir de rechange.
 
27 mai 1939
A M. Leslie Howard
Cher Leslie,
Je vous envoie ci-joint un exemplaire de ce livre que vous devriez trouver le temps de lire un jour, appelé Autant en emporte le vent. Je pense que ce roman a un grand avenir et pourrait faire un très bon film.
Sérieusement, vous devez vous souvenir que vous m'aviez formellement promis, non seulement de prendre connaissance des arrière-plans de la scène du pré, mais aussi de lire les pages du livre dont elle était tirée, afin d'en saisir la véritable portée et de comprendre le portrait général d'Ashley qui se dégage de ces pages. Vous n'aurez pas à lire grand-chose, seulement de la page 374 à la page 381 incluse.
Promis?
Je vérifierai.
 
27 juin 1939
A M. John H. Whitney
Faites retentir la sirène. Scarlett O'Hara en a fini aujourd'hui à midi. Gable termine ce soir ou demain matin. Nous tournerons jusqu'à vendredi avec les petits rôles et les figurants. Je m'en vais vendredi soir et vous pouvez tous aller au diable. Nous essayons de garder secrète l'arrivée de Vivien à New York jeudi.

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